À propos • Politik Liège

Démarche

Il y a 5 ans, à l’issue de la crise sanitaire, lorsque Paul-Émile Mottard, Président de Présence et Action Culturelles Liège, m’a proposé de rejoindre le projet des Rencontres Internationales du Film Politique (qu’on n’appelait pas encore « PolitiK »), nous avions le sentiment qu’il était urgent de réouvrir les débats citoyens et que le cinéma pouvait être un formidable moyen de le faire. Le simple fait de réunir des gens dans un même lieu pour y partager face à l’écran les mêmes émotions et les mêmes sentiments, nous paraissait être le tremplin idéal d’une démarche de réappropriation de la parole grâce à l’organisation systématique de débats.

Après 4 éditions de notre manifestation, nous ressentons plus que jamais la pertinence de cette intuition. Le monde a changé. Et pas en bien. La violence s’est installée dans les relations internationales mais aussi au cœur de nos cités. La distance semble s’aggraver entre les électeurs et leurs élus. Les partis politiques sont en refondation et, tout comme celles et ceux qu’ils entendent représenter, ils doivent plus que jamais se remettre à l’écoute du monde.

Nous nous sommes choisi une nouvelle signature : Plus les yeux s’ouvrent, moins les esprits se ferment.

Et la programmation de notre 5ème édition entend illustrer cette sentence.

Nous ne nous sommes jamais positionnés comme « festival ». Chez nous pas de compétition, ni de course effrénée à l’exclusivité. Nous projetons des films nouveaux et des films anciens (le plus « âgé » cette année, date de 1981), des longs, des courts, de la fiction, de l’animation, du documentaire…

Les grands conflits actuels (Palestine, Ukraine…) sont présents. Mais on part aussi à la rencontre des associations de quartiers liégeois. On parle des « Riches contre la Planète » avec Monique Pinçon-Charlot mais on se bat aussi pour sauver le Bois des Oblats. La reprogrammation de « Io Capitano » bat des records de réservations en séances scolaires nous obligeant à dédoubler les séances, preuve que le débat sur la migration est loin d’être clôturé comme le voudraient certains.

En solidarité avec la Médiathèque Nouvelle, nous multiplions les rencontres musique/cinéma et pour aborder la ré-édition par la Sonuma de « Chronique des Saisons d’Acier » de Thierry Michel, nous choisissons de célébrer le Punk politique liégeois. Nous débattons de l’avenir de l’information lors du grand débat (« Faire réfléchir ou séduire ? – La démocratie sous pression, les médias entre information et communication »), en regardant Roschdy Zem et Alice Isaaz « Vivants » la vocation des grands reporters et tentons de comprendre comment la solidarité entre femmes qui se sont connues en prison peut survivre « Fuori » (« Dehors ») avec Valeria Golino. Nous rendons hommage à Richard Olivier disparu il y a 4 ans et saluons le premier long-métrage documentaire du liégeois Jean-François Ravagnan…

Enfin cette édition marque un pas supplémentaire dans l’engagement de PolitiK : pour la première fois, nous programmons un film que nous avons nous-mêmes tourné pour fixer la parole des cinéastes qui nous ont visités. Il s’agit pour nous de tenter de répondre à une question que nous nous posons depuis 5 ans maintenant : Le cinéma peut-il encore sauver le monde ?

Présidence : Paul-Émile Mottard

Dès 1980, il occupe différentes fonctions dans le secteur musical et plus particulièrement à l’Orchestre philharmonique de Liège ; en parallèle, il exerce son engagement politique en militant au sein du parti socialiste.

En 2000, à l’issue des élections, il quitte l’OPRL, après y avoir exercé la fonction de Directeur-coordinateur et avoir œuvré à son déploiement international, pour devenir député permanent en charge de la Culture. La création, le soutien aux artistes et l’accès à la culture vont être les bases de sa politique culturelle ; avec entres autres, des projets comme Ça balance, Wallonie Design, le Clap, l’organisation de grandes expositions d’art contemporain dont le commissariat a pu être confié aux Brasseurs, à l’Espace 251 Nord ou encore à Jacques Charlier mais aussi la rénovation du Musée de la Vie wallonne et la création d’un nouveau lieu d’expositions avec l’espace Saint Antoine. Citons encore, parmi d’autres, la création de la Fondation Province de Liège pour l’Art et la Culture. Il préside le PAC Liège depuis de nombreuses années, association d’éducation permanente au départ de laquelle s’est construit PolitiK.

Direction artistique : Philippe Reynaert

Philippe Reynaert, ancien « Monsieur Cinéma » de la RTBF, fondateur de Wallimage et aujourd’hui directeur artistique de PolitiK, s’exprime sur son rôle :

Depuis que le cinéma existe, il fascine les hommes politiques qui, très vite, et à commencer par les révolutionnaires soviétiques, ont compris son pouvoir de séduction et de persuasion. Hitler et plus encore Mussolini, fondateur de Cinecitta et de la première école de cinéma au monde, misaient sur le 7e Art pour embrigader les foules. Mais le 7e Art s’il a pu être utilisé par les politiques leur a également mené la vie dure ! Soit en les mettant au pied du mur par la représentation de réalités sociales qu’on aurait préféré cacher (que l’on pense à l’impact de films comme « Les Raisins de la Colère » aux États-Unis ou « Misère au Borinage » chez nous !) soit carrément en mettant en scène l’envers du décor politique (« Le Président » de Verneuil avec Gabin ou « Le Dictateur » de Chaplin sans parler de la déferlante des films américains mettant en scène leurs Présidents). Un livre récent d’Edwy Plenel consacré à Costa Gavras le clame sans ambiguïté : « Tous les films sont politiques ». C’est aussi mon crédo.

Après 30 ans consacrés à la critique de cinéma et vingt à la direction du fonds d’investissement audiovisuel Wallimage, j’avais une envie folle de pouvoir partager ce crédo avec un maximum de gens. Quand Paul-Émile Mottard m’a proposé de rejoindre l’équipe de PolitiK, je n’ai pas hésité une seconde à plonger dans l’aventure. Pouvoir explorer « la représentation des politiques et les politiques de la représentation » au sein même de la Cité Ardente dans laquelle se sont développées les œuvres des frères Dardenne et de Thierry Michel, m’est apparu comme une évidence.